mardi 2 juin 2009

Week end cata-....

Mercredi 21 mai, 20 h, on embarque sur le catamaran qui porte le nom de Tinié II. Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de bateau. Je pensais bien à une embarcation avec deux coques séparées par un filet, une petite surface rigide et de toutes petites chambres alors quelle ne fut pas ma surprise quand nous avons découvert ce magnifique catamaran quasi neuf avec des chambres spacieuses, une surface rigide extérieure conséquente permettant de se déplacer aisément tout autour du bateau avec à l'arrière "le carré", petit salon plein air où nous aurions probablement passé tout le week end si le temps l'avait permis.
Et l'intérieur, alliance de matériaux modernes, bois et plastiques, offrant un espace aussi confortable qu'inattendu. Tout est pensé au centimètre carré près, des rangements partout, un grand coin salon et dans les coques, des chambres tout en bois avec petite fenêtre vue directe sur le lagon... aaaah. Moi qui appréhendais un peu la vie sur un bateau, je suis rassuré, ravi même!!! Ce week end s'annonce très bien!! Cata-venture


L'équipage est constitué de Yoann, Emilie, Christophe, Charlotte, Fabien, Binh et ses deux enfants, Isaac et Kim et bien sûr notre très cher skipper Pascal dont le nom de famille m'a tout de suite rassuré: Cottonnec, rien de tel qu'un vrai breton, du finistère qui plus est, pour mener à bien ce genre d'expédition. Une fois de plus, je suis rassuré et RAVI!!! Je dois rappeler que Laura et moi sommes absolument novices en navigation... et par conséquent on se sent un peu bébête car on ne sait pas vraiment comment ça va se passer. Cata-neuneu

Donc, on range nos affaires, toutes les courses et on s'installe dans le carré pour le petit brieffing avant le départ. Les consignes sont simples, économisez l'eau, économisez l'électricité, prévenez toujours quelqu'un si vous sortez du cockpit pendant les temps de navigation, surtout la nuit et surtout, amusez vous et profitez.

La première mauvaise nouvelle tombe, les conditions météo, houle et vent de face ne nous permettront pas d'aller jusqu'à l'île des pins, à la pointe sud de la grande terre. Cata-déçu. Malgré ça, il semblerait que rien ne puisse entamer l'enthousiasme de l'équipage, on sort l'apéroO que l'on sirote (façon de parler) en quittant paisiblement la marina de port plaisance à Nouméa.

Cata-péroO

On admire les lumières de la ville d'un point de vue imprenable, conscient de la chance que nous avons!
Paisiblement, imprenable, chance!!!??? tu parles, ça n'aura pas duré bien longtemps, à peine sorti de la baie que le bateau s'anime vivement... en haut... en bas... à gauche... à droite... un movimiento sexy... non pas vraiment!!! C'est quoi ce scandale, au prix où on paye moi je veux que le bateau il file tout droit, à plat et qu'on puisse finir cet apéro qui a si bien commencé... oh...oh...oH... blurp (premier avertissement). J'ai la tête qui tourne, l'estomac qui semble vouloir concurrencer la samba du bateau... oh...oh...oh....blurp (deuxième avertissement). Je regarde autour de moi, l'ambiance en a pris un coup, les discussions se font plus rares, on est concentré. Pour ma part, je ne m'attendais pas du tout à çà, bon c'est vrai je suis normand et je suis plus à l'aise sur le plancher des vaches que sur l'eau... Laura, pas de soucis: " ah bon, tu trouves que ça bouge, c'est dans ta tête". Grrrr. Oh ça c'est sûr, c'est dans ma tête mais aussi dans mes jambes dans mon ventre dans mon coeur... je ne vais pas tenir longtemps... ça fait combien de temps qu'on est parti? Deux heures. Et il reste combien de temps avant l'escale? 6 heures... je vais mourrir, c'est sûr! Cata-strophe.

Première victime de la houle

Pascal, le ker-skipper, un peu conscient du malmenage de son équipage (c'est peu de le dire), prodigue ses conseils: aller se coucher par exemple. Ah oui, t'es sûr? pourquoi pas, on essaie. Le déplacement sur un bateau comme ça est une vraie épreuve, surtout pour un cachalot! Une fois à l'intérieur, c'est horrible, on n'a plus aucun repère distant et le bateau semble tournoyer comme une machine à laver...oh...oh...oh...blurp (dernier avertissement). J'atteins malgré tout l'escalier qui mène aux chambres dans les coques (j'y arriverai pas) je descends et là c'est pire que tout ... je me sens comme une gousse de vanille dans un shaker...(j'y arriverai pas)... Le bateau grince très fort, le bruit des vagues heurtant le bateau et du vent cinglant les coques me terrorisent! Je persévère (j'y arriverai pas). Je rentre dans la chambre où Laura, la bretonne imperturbable en passe de s'endormir, s'étonne du temps qu'il m'a fallu pour descendre. "Bah attend, 8 mètres dans ces conditions, c'est long, très long", "allez viens, tu verras, une fois allongé c'est mieux" "ok, ok, allons-...." VLAM . Je me vautre littéralement. Cata-pulté! Qu' qu' qu'est-, qu'est-ce que c'est que çà? " mais c'est rie...""qu'est que tu en sais que c'est rien, bretonne d'eau douce*" Je détale comme un lapin, ou plutôt comme un cachalot et je remonte sur le pont en à peu près dix fois moins de temps qu'il ne m'en a fallu pour descendre(je vous avez dit que j'y arriverai pas). Pascal perçoit ma détresse et mon regard interrogateur. Bon, c'était "juste" une vague un peu plus grosse que les autres. Cata-flippant.

Au fait Pascal, c'était quoi l'autre conseil? Sortir sur le pont du bateau, fixer un point l'horizon ou encore mieux se mettre à la barre pour mieux sentir et anticiper les mouvements du bateau. Ah ok, ça, ça me parle!! Pas de bol, Emilie qui a été au delà du : oh...oh...oh... blurp(dernier avertissement) est déjà dans la place. Peu importe, je m'installe à côté, le vent fouettant mon visage et fixant un point à l'horizon. Pascal donne ses instructions sur la direction et nous confie les commandes. Un objectif, c'est ça qu'il me fallait, un objectif et du vent beaucoup de vent!!! Ca va mieux, beaucoup mieux mais hors de question que je rerentre là-dedans! Nan mais franchement, il faut pas être net! Robinson voudrait retourner dans sa montagne! Il ne reste plus que deux ou trois heures avant l'escale, ça va être long mais ça va aller... enfin je crois. Je dis je crois car à ce moment une idée terrible me traverse l'esprit. Et si ce cauchemar continuait même à l'arrêt!!! Et si le vent et la houle continuaient à agiter le bateau! Quand est-ce que je vais dormir moi? Heureusement, il n'en fut rien. Nous sommes rentrés dans la Baie d'ouen à l'abri du vent et des vagues et le calme est revenu. Pascal,Yo et moi profitons de ce répit pour discuter et profiter du cadre (même s'il fait nuit). Je suis aller me coucher, épuisé, soulagé et un peu inquiet de la suite du séjour. Comment vais-je tenir 4 jours à ce rythme d'autant plus que la météo ne va pas s'arranger. Enfin, on verra.Cata-puisant

Le lendemain, la météo n' est pas terrible, il pleut, il y a du vent, des nuages et pas une once de soleil, sur le coup je me dis qu'on a mal amarré le bateau et qu'on a dérivé jusqu'à pen-ar-bed. Mais on est bien dans le lagon du Caillou et on n'en a pas fini avec ces conditions. Cata-clysmique.

Qu'est-ce qu'on va bien pouvoir faire? Voyons voir: on est sur un bateau dans le lagon de nouvelle calédonie, on a à manger mais pas suffisament pour quatre jours, on a plusieurs fusils harpons, quelques combinaisons de plongée... euh ... attend, laisse moi réfléchir...euh... on va jouer au tarot? Mais non gros malin: ON VA CHASSER! KILLER DU GROS POISSON, CA VA ETRE LE CARNAGE... AH AH AH (rire diabolique)


Le principe est simple: on arme le fusil harpon, on descend en apnée (la chasse en plongée bouteille étant formellement interdite) et on attend sa proie.Une fois celle-ci repérée on ajuste le tir vers la tête pour le "sécher" directement et on fait mouche...ou pas. En fonction des poissons, c'est plus ou moins difficle. Les poissons lanternes, écureuil, les loches (mérous) et les labres ne sont pas très vifs voire immobiles et semble te regarder en disant tue moi, tue moi... avec plaisir. Mais pour d'autres comme les dawas, les perroquets ou les mécouas, c'est très difficile. J'avoue qu'au début j'avais du mal à imaginer qu'on puisse tirer sur des poissons aussi beaux, aux couleurs si vives et aux formes si variées. Je m'étais donc fixé de ne tirer que les poissons gris ou argenté. Et oui, qui s'en préoccupe? Et puis après avoir gouté de délicieux sashimis de perroquets ou de savoureux nuggets de loches saumonées, difficile de résister. A partir du moment où tu piques le poisson, vient un un laps de temps assez stressant car bien malheureux celui qui croit pouvoir accrocher sa prise à une ceinture autour de sa taille. Bah oui, réfléchis, poisson frais saignant animé par les mouvement de son bourreau... tu vois ce que je veux dire... il s'agit de ne pas devenir soi-même un appât car dans la chaîne alimentaire sous marine nous ne sommes pas les plus dangereux. Donc une fois le poisson piqué, on sort celui-ci, suspendu à la flèche et on nage le plus rapidemnent jusqu'à la "plate", petite embarcation de fortune permettant de récolter le fruit de la pêche en attendant de retourner au bateau. On se rend compte assez rapidement du danger potentiel car à peine les premiers poissons tués que de beaux requins de récifs, pointes blanches, pointes noires et requins gris montrent leur nez. Cependant, ils restent passifs et se contentent d'arpenter le récif, ce n'est pas l'heure de la chasse pour eux, bien qu'ils ne soient sûrement pas contre un petit encas bien saignant. En général, quand on les voit, on suspend la chasse quelques minutes, le temps qu'ils s'éloignent. Mais le moment de désengager le poisson de sa flèche pour le mettre dans la plate est un moment critique où il faut être rapide. Vous demandrez à Yoann ce que ça fait de galérer à décrocher un poisson, que par précaution vous regardez sous l'eau avec votre masque, et que vous apercevez un requin qui tournoie à quelques mètres en dessous de vous... Cata-frisson.

Rassurez vous, nous n'avons chassé que le nécessaire ou alors juste un peu plus. Pour ma part, j'ai tué un poisson écureuil, pas très glorieux mais c'était mon premier alors j'ai dégusté du bout des dents chaque petite bouchée de ce pauvre malheureux. J'ai eu aussi quelques poissons qu'on n'a pas mangés car potentiellement "gratteux"** mais qui ont servi comme appât pour les pêches à la ligne du soir... au cours desquels nous avons eu quelques "bec de cane", des bossus dorés et on a failli avoir un petit requin...

La chasse sous-marine est un sport exceptionnel, plein de sensations mais aussi très éprouvant physiquement: quelques heures dans l'eau avec une ceinture de plomb, un fusil à la main et de nombreuses descentes en apnée allant parfois jusqu'à huit mètres. Nous avons eu le chance de pouvoir observer Charlotte et son menthor Christophe, doué d'une expérience d'une vingtaine d'année. Il tient quasiment 2 min sous l'eau, peut descendre à une vingtaine de mètres et ne revient jamais les mains vides. Il pratique la technique de l'agachon, c'est à dire qu'il descend au fond, s'allonge de sorte à devenir quasi invisible et guette une proie de choix. C'est aussi un excellent cuisinier: nuggets de poissons, sashimis, salade tahitienne... et j'en passe! Cata-pétissant!!!


Pendant que l'on chasse, les filles sont malheureusement privées de leurs séances de bronzage interminables à l'avant du bateau. Difficile aussi de se baigner dans ces conditions, donc elles papotent, lisent et font de longues siestes en attendant le retour des chasseurs (cliché)... Cata-tonique.


Les trois premiers jours se déroulent à peu près comme çà, chasse, kayak, visite d'ilôts le jour, bien que souvent interrompu par la pluie et le soir, apérooo, dégustation des produits frais offerts par le lagon, tarot... .

Cata-goulu

Nous avons finalement passé trois nuits au mouillage de l'ilôt Mato, idéalement placé car il nous protège bien des vents et de la houle. Malgré la bonne humeur qui règne, on sent une certaine lassitude, un ras le bol de ce temps pourri qui nous confine à l'intérieur du bateau. Quand enfin, le samedi soir, on aperçoit au loin une éclaircie, qui s'étend de plus en plus et qui semble venir vers nous... les sourires refont surface malgré une certaine méfiance. Et puis ça y est, les rayons du soleil percent les épais nuages parsemés par un vent d'altitude et inondent le ciel créant un spectacle ou plutôt des spectacles aux couleurs incroyables, toute nuance présente. Le silence est total, on contemple bouche bée ces instants divins qui nous récompensent de notre patience.
Cata-dmirez vous même:



Le dimanche, jour du retour, se déroule sous un soleil timide mais bien présent, on profite à 100% du bateau, bronzette, baignade, trempoline sur le filet, repas à l'extérieur... ça fait du bien. Cata-content.
Cata-marrant

Cata-belle***

Cata-pitaine

Cata-coco

Enfin, le retour de quelques heures se fait à nouveau sous la pluie, Pascal me confie la barre et m'apprend plein de trucs sur la navigation. On déroule la grand voile malgré un vent de face qui nous oblige à tirer des bords ne permettant qu'une progression limitée. J'adore ça, c'est même avec un grand plaisir que j'affronte les vagues pendant que l'équipage est parti dormir. Moi-même après quelques heures de navigation, j'ai réussi à descendre me coucher pour me reposer et c'est vrai, qu'une fois allongé, c'est même très agréable. Cata-paisant

C'était un week end vraiment très sympa, riche en sensations et en enseignements divers. On a passé de très beaux moments, merci à Pascal le skipper et biensûr à tout l'équipage.
Le retour sur terre a été un peu difficile, impression de tanguer tout le temps, légers vertiges jusqu'au lendemain...

Voilà, mes amis, désolé de vous avoir fait attendre si longtemps mais l'inspiration, ça ne se commande pas comme disait Brassens****...

Dans les très bonnes nouvelles, mes parents et ma ch'tite soeur ont pris leur billet pour le mois d'aôut et on en est très heureux! Vous ne le regretterez pas!

Une question reste en suspens: la venue de John The Black with The King M.T. ????

On vous embrasse


* il faut bien avouer que Laz vegas est une commune plus steir que mer!!! ROTFL
** la gratte est une maladie transmise par certains poissons qui ont accumulé trop de toxines coraliennes. Bien que non létale, c'est particulièrement insupportable: ça gratte biensûr, plus de baignade, plus d'alcool (c'est pas une vie) même une fois guéri elle peut revenir de manière récurrente: bref les poissons c'est comme les champignons, on mange que ce qu'on connaît!!!
*** se prononce ketébelle
**** en fait je crois pas qu'il parlait d'inspiration...